Et si vous parliez du don d’organes avec vos proches ?

En France, le don d’organes est régi par le consentement présumé. Chaque citoyen est présumé donneur, sauf s’il a exprimé un refus de son vivant. Il est donc important d’échanger sur les souhaits de chacun afin d’éviter un choix difficile aux familles.

Respecter la volonté du patient, c’est ce qui guide Delphine Crouzat, coordinatrice de prélèvement d’organes et de tissus au sein des hôpitaux Saint-Louis – Lariboisière – Fernand-Widal. Depuis 2014, elle accompagne les proches au moment de l’annonce du décès, puis tout au long du parcours de don d’organes. En état de mort encéphalique à la suite d’un traumatisme cérébral, les patients concernés sont maintenus en réanimation de manière artificielle.

Un sujet rarement abordé

« Le médecin réanimateur et moi-même commençons par rencontrer les proches pour leur annoncer la mort encéphalique du patient, explique Delphine Crouzat. Nous leur laissons du temps pour se recueillir, et ce n’est qu’après cela que nous abordons la question du don d’organes.» L’enjeu est alors de savoir si la personne a exprimé un refus de son vivant, que ce soit de manière orale ou écrite, en s’inscrivant par exemple sur le registre national des refus de don d’organes. Si c’est le cas, la procédure de don est immédiatement stoppée.

Malheureusement, dans la majorité des cas, ce sujet n’a jamais été abordé, et les proches ignorent le souhait du défunt. « Nous leur expliquons alors ce qu’est le consentement présumé et que leur proche est considéré comme potentiellement donneur, précise la coordinatrice. Mais si l’entourage oppose un refus catégorique, nous ne forçons pas les choses. »

Soulager ses proches

Quel que soit son âge, l’idéal est donc d’en parler avec ses proches afin de les décharger de cette décision. A minima, Delphine Crouzat souligne qu’il existe « des moyens d’exprimer son consentement sans aborder directement le sujet. On peut indiquer son choix sur la page d’urgence de son téléphone, dans son dossier médical partagé ou en prenant des directives anticipées »

2 questions à Delphine Crouzat

Est-ce que tout le monde peut être donneur d’organes ?

Lorsqu’une personne est déclarée en état de mort encéphalique, l’équipe médicale vérifie qu’il n’y a pas de contre-indications au don. Ce sont notamment les cancers actifs, les hémopathies, la tuberculose et les suspicions de maladie neurologique dégénérative. Si aucune contre-indication médicale n’est constatée, nous lançons la procédure de don. Il faut savoir que l’on peut être donneur à tout âge. Le foie peut par exemple être prélevé jusqu’à plus de 90 ans.

Comment sont choisis les organes prélevés ?

Il y a différents critères qui entrent en ligne de compte, comme l’âge du donneur, l’état des organes et les réserves que les proches peuvent avoir. Certains sont réticents à l’idée de toucher au coeur. Nous en tenons compte, car le don d’organes est déjà une très belle chose qui va permettre de sauver plusieurs vies. Aujourd’hui plus de 21 000 personnes sont en attente d’un don d’organes en France, et environ 5 600 greffes ont eu lieu en 2023.

Dephine Crouzat – Coordinatrice de prélèvement d’organes et de tissus